La classe de 2nde7 a mené un projet littéraire avec une autrice Florence Herrlemann, sur son livre L'Appartement du dessous, ( Edité chez Albin Michel 2019, lauréat de 5 prix littéraires dont Prix du littéraire du Jury de Moustiers-Sainte-Marie. Prix du Printemps des Lecteurs 2019. Prix Horizon du Second Roman 2020 (Belgique).

Entre le mois de mars et le mois de mai 2023, la classe de 2nde7 a étudié le roman en parallèle entre les cours de français (avec Frédérique Deschamps) et d'histoire (avec Mme Vezzu) . Par des lectures offertes de quelques chapitres , ainsi que l'étude du genre épistolaire, mais aussi par l'étude de la période historique évoquée dans l'oeuvre (2ème guerre mondiale), les camps de travail et la déportation des homosexuels.

La rencontre avec l'autrice a eu lieu le 12 mai en deux temps. D'abord l'autrice a présenté son "univers magique" et sa riche carrière artistique. Les élèves avaient de nombreuses questions à poser à Mme Herrlemann. Puis la classe a évoqué le travail d'écriture mené en classe pour suggérer à l'autrice une dernière lettre qui aurait pu clôturer le roman. Durant les cours, les élèves ont sélectionné leurs écrits favoris. Lors de la rencontre, ils ont, à leur tour, offert le lecture de cinq lettres à l'autrice. Un moment magique ! Beaucoup d'émotions ont été ressenties à la lecture de lettres écrites avec brio et sincérité.

Le bilan de cette rencontre est très positif et enrichissant, au niveau littéraire, historique et humain. L'autrice Florence se souviendra  de la rencontre très riche en échanges avec les 2nde7, de leurs grandes qualités d'expression et d'écoute. Les élèves ont apprécié l'ouverture culturelle qui leur a été proposée.

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La rencontre en quelques mots d'élèves...

"Durant cette rencontre avec, Florence Herrlemann, l’auteure du livre l’appartement du dessous, j’ai appris plusieurs nouvelles choses. J’ai appris comment elle fonctionnait pour créer les personnages de ses livres et transmettre leur histoire, ainsi que pour écrire un livre il faut de l’inspiration et beaucoup d’imagination. J’ai également découvert qu’il faut être reconnue  pour gagner suffisamment sa vie avec le métier d’auteure. Pour traiter le sujet particulier de la seconde guerre mondiale dans son roman, elle a fait beaucoup de recherches et s’est beaucoup renseignée pour le maitriser. J’ai grandement apprécié son engouement pour la lecture et grâce à  cette rencontre,  je me souviendrai de la "folie" créative qu’il faut pour écrire un livre." E.G

"J’ai aimé sa manière de parler car son discours était beau.

Elle était gentille et agréable. Elle a beaucoup d’imagination.

J’ai appris que le génie créatif n’est pas une maladie mais un don."

"J’ai appris la façon de visionner ces histoires du point de vue d’un auteur. Cette vision n’est pas du tout la même que la vision des élèves.

J’ai aimé sa façon de se comporter avec nous en nous donnant des conseils et en étant assez proche de nous.

J’ai retenu que son inspiration venait "d’un hôtel dans sa tête". Ses personnages sont stockés dans cet hôtel et descendent pour raconter leur histoire à Florence Herrlemann." M.L.

" Florence Herlemann est une femme très ouverte d’esprit et qui aime discuter avec de nouvelles personnes. J’ai aimé cette matinée en sa présence et j’ai fortement aimé apprendre plein de choses sur elle. Florence Herlemann possède une très grande ouverture d’esprit et un grand vœu de partager son travail et ses pensées.

C’est pour toutes ces raisons que ma matinée avec cette grande autrice reste une très expérience enrichissante qu’on aime la littérature ou non." R.R.

"J’ai aimé sa franchise et la manière dont elle imagine ses histoires.

J’ai appris beaucoup de chose d’abord sur le domaine de l’édition, son parcours professionnel mais aussi le jour où elle a mis un premier pas dans l’écriture.

Je retiendrai de cette rencontre, son point de vue unique pour imaginer son univers et ses personnages, et aussi le fait qu’on ait fait un goûter avec elle car je pense que cela ne se refera pas de si tôt !

Ses personnages sont dans la réalité de l’auteur ou l’inverse : Mme Herrlemann est dans l’univers magique des ses personnages." M.M 2G7

"Florence HERRLEMANN était très gentille. Elle nous a expliqué comment elle s’était mise à écrire et comment elle trouvait ses idées. Si je devais retenir quelque chose de sa venue ce serait la façon dont elle perçoit les personnages qui est un peu bizarre. Selon elle, ce sont les personnages de l’histoire qui lui dictent ce qui leur est arrivé. Ce n’est pas elle qui écrit directement. J’ai trouvé que sa façon de parler était la même que lorsqu’on lit un livre à l’oral. Si c’était possible je voudrais beaucoup recommencer une rencontre comme celle-ci avec d’autres auteurs."

MP 2g7

"J’ai beaucoup aimé rencontrer  Florence Herrlemann car c’est une personne qui aime lire et écrire, qui vit dans ce milieu et je m’intéresse à cela aussi. De plus, j’ai vraiment ressenti son amour pour son travail. Elle est souriante, gentille et très intéressante. J’ai trouvé son incitation et ses encouragements à lire importants, surtout auprès de lycéens qui sont concernés. Florence l’a fait avec  une grande bienveillance.

Pendant cette rencontre, j’ai pris connaissance des différentes étapes entre l’écriture et la publication d’un livre. J’ai également appris qu’il est très difficile de vivre du métier d’écrivain.

J’ai retenu que les personnages de l’autrice lui racontent leur histoire et lui inspirent ses romans.

J’aurais aimé que cette rencontre dure plus longtemps. " Léna

"La rencontre avec l'autrice Florence Herrlemann a été très instructive. J'ai beaucoup aimé avoir le point de vue légèrement "déjanté" de cette artiste, son humour, ainsi que la manière dont elle parle de ses personnages et ses histoires. Elle semblait humble et très sympathique. De plus, cela m'a permis d'avoir de bons conseils d'écriture de la part d'une professionnelle."

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Les lettres écrites par les 2nde 7 offertes à l'autrice...

Vendredi 19 Octobre

Dans la soirée

Sarah, ma très chère Sarah

Avant tout je suis extrêmement touchée par votre dernière lettre d’adieu. Pensez-vous réellement que j’allais vous laisser sans nouvelle de votre Hectorine !

Et oui ! Je m’amuse, je rigole, je mange avec mes nouveaux amis. Connaissez - vous Simone de Beauvoir ? C’est ma personne préférée ici. Elle me raconte son ancienne vie mouvementée. Elle a du caractère et ne se laisse pas faire. Je suis sûre qu’elle vous aurez plu.

Il y a aussi Baudelaire. Alors lui je ne le comprendrais jamais même sans vie il continue à se droguer toute la journée, c’est énervant.

Heureusement qu’il y a Samuel Beckett pour nous faire rire. Il redonne le sourire à tout le monde. Même si parfois, je l’admets, il peut être agaçant.

Et puis, pour finir, il y a Serge Gainsbourg. Je vais vous raconter un petit secret sur lui. Il adore manger ! Et particulièrement du poulet. Il en mange à chaque heure de la journée. Je vous le dis il finira obèse si ça continue!

J’espère que mes petites histoires ne vous ennuient pas trop car comparé à votre future vie d’autrice cela peut paraître insignifiant. Je vais vous laisser à présent. Simone m’appelle pour le grand banquet du soir. Au menu: rigolades, poulet et sanglier. Et peut-être quelques plaisirs pour Baudelaire... Qui sait ?

A bientôt ma Sarah, au plaisir de vous relire.

                                                                                                    Hectorine

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Paradis, Lundi 23 septembre, grand soleil.

Ma chère Sarah,

De là où je suis, je peux observer toutes les personnes qui me sont chères. Cela fait pas mal de temps que je t'observe et je vois que le temps à Paris n'a pas changé. Le ciel est gris avec une légère pluie. De mon côté, je ne peux pas en dire autant, il fait un grand soleil avec un magnifique arc-en-ciel. J'ai vu que tu passais souvent devant l'appartement et tu t'y arrêtais pour passer ta main sur la porte. Tu sais cette sensation de bien-être qui te parcourt quand tu fais cela, c'est moi. Mon âme est, et restera pour toujours dans cet appartement. À chaque fois que tu voudras me revoir, passe devant cette porte et je t'apporterai tout le bien être possible pour toi. Dans mon nouveau monde, je suis très bien entourée. Tu sais, je t'avais déjà parlé de Simone de Beauvoir, Samuel Beckett, Serge Gainsbourg et Baudelaire. Figure-toi que ce sont devenus des amis et j'ai pu réaliser un de mes plus grands rêves, interpréter quelque chose avec eux. Avec Serge Gainsbourg, nous avons écrit une chanson en hommage à ma bien-aimée. Avec Baudelaire, nous avons écrit un petit poème en hommage à toutes les personnes qui ont perdu la vie dans les camps de concentration, en Allemagne. Avec Samuel Beckett nous avons réalisé une pièce de théâtre qui représente nos échanges de lettres manuscrites. Et pour finir, j'ai pu échanger avec mon idole, Simone de Beauvoir. Avec elle, nous avons débattu sur des sujets qui me tenaient à cœur. Mais elle m'a dit quelque chose qui restera gravé dans ma mémoire : ” Le couple heureux qui se reconnaît dans l'amour défie l'univers et le temps. Il se suffit. Il réalise l'absolu.”

Dans l’attente de te lire,

Hectorine.

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Léna 2G7

Hectorine raconte ses retrouvailles avec Gitta et Oda

Vendredi 27 septembre, ciel divin

Ma chère Sarah,

Tu me manques beaucoup également, mais moi de là où je suis je peux t’apercevoir si je le souhaite. En effet, je jette un coup d’œil sur ce que tu fais de temps en temps. Je m’assure que tout aille bien pour toi, sans pour autant me montrer trop invasive, sois en rassurée. Finalement, j’ai pu rencontrer Constant, à ma manière, même si je regrette que tu n’aies pas pu nous présenter. Il me paraît tout à fait intéressant, surtout avec ce que tu m’as raconté concernant sa blague sur la nouvelle Suzanne de l’immeuble. Bien qu’elle ait l’air adorable, elle ne pourra jamais surpasser notre Suzanne à nous.

Tu dois, je suppose, te poser beaucoup de questions en lisant cette lettre. Où suis-je, comment puis-je t’écrire, que se passe-t-il lorsque l’on meurt ? Sache que je ne te répondrai pas, du moins, pas complètement. Le principal, c’est que je vais bien, peu importe là où je me trouve et comment j’y suis arrivée. Tu sais Sarah, la mort n’est qu’une aventure de plus pour moi et je t’invite à la considérer ainsi, toi aussi. C’est pour cela que je ne te révélerai aucun de ses secrets. Après tout, si l’entièreté des gens vit dans le mystère de la mort, je ne vois pas pourquoi tu devrais vivre différemment. N’en sois pas vexée, considère juste cela comme les vieux principes d’une femme encore plus vieille.

Gitta et Oda sont bien avec moi, comme tu le souhaitais. Ces retrouvailles ont été, tu t’en doutes, incroyables en émotion. Nous avons beaucoup pleuré, puis n’avons plus rien dit pendant un long moment. Le silence suffisait amplement pour nous comprendre. Enfin, elles ont voulu connaître la suite de ma vie, savoir ce que cela faisait d’avoir cent quatre ans et nous avons alors papoté pendant des heures comme les petites vieilles que nous sommes. Je suis si heureuse de les avoir retrouvées. Pardonne-moi, Sarah, si pour une fois je suis tellement avare en détails, tu as l’habitude de mes lettres qui n’en finissent plus. Mais, ce moment-là, je veux le garder pour Gitta, Oda et moi-même. Je suis sûre que tu comprends cela. Je m’excuse également pour mon écriture parfois un peu tremblotante, je n’ai plus l’habitude des lettres manuscrites, mais, privée de ma Bar- Let, je n’ai pas le choix. Et en parlant d’écriture, je pense que « L’appartement du dessous » est un titre parfait. Tant pis pour cette lettre qui ne figurera pas dans l’ouvrage mais restera pour toujours entre nous, j’en suis sûre. C’est aussi la dernière lettre que je t’écris, chacune de nous aura pu faire le deuil de l’autre.

Avec toute ma bienveillance,

Hectorine.

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Les Cieux, mercredi 25 septembre, ciel ensoleillé

Ma chère et tendre Sarah,

Ces mois à attendre votre lettre furent longs. Evidemment que je lis votre lettre, pourquoi me l’écrivez-vous ? C’est une bonne question, mais vous êtes la seule à pouvoir y répondre. Sachez Sarah que, depuis les Cieux je vous surveille et vous protège, je vous encourage chaque jour à avancer et aller plus loin. Je me rends souvent dans mon appartement, cet oiseau n’était pas un hasard, et la sensation que vous avez au toucher de ma porte non plus. Je suis vraiment touchée de recevoir cette lettre vous savez ! Il faut croire que votre impatience a déteint sur moi... votre façon d’écrire, même ivre, me manquera pour toujours. Je suis sûre et certaine que “l’appartement du dessous” restera gravée dans les mémoires de tous les lecteurs. Je veux, bien sûr, des extraits pour lire cette merveilleuse “répondance” adaptée en livre. Vous me manquez beaucoup ma grande...

Mais ici je suis heureuse. Ne vous inquiétez pas. J'ai retrouvé ma Gitta et ma Oda ! Quel plaisir et énorme soulagement! Dès que j’ai revu mon premier amour, mon cœur a chaviré comme la première fois qu’elle m’a proposé d’aller boire  un chocolat chaud. C’est comme si on ne s’étaient jamais quittées:  rien n’a changé (à part nos apparences bien sûr!). Tout est si facile et logique entre nous... J’ai du mal à comprendre et accepter les idées de la jeunesse, mais l’intégration de l’homosexualité dans la société me fait bouillir de joie. A l’époque nous étions torturées au moindre geste qui pouvait prouver notre amour. J’ai également retrouvé Oda, son corps d’athlète n’a bien sûr pas disparu ! Toujours aussi imposante et respectée. Nous ressassons sans cesse les souvenirs, entre l’université, le début de l’enfer et les camps de concentration. Malgré toutes ces horreurs et tous ces traumatismes nous trouvons du positif. Nous formons un trio inséparable. Forcément, j’ai raconté l’histoire avec  Lene à Oda: elle était furieuse que je me sois donnée tant de mal pour me venger et alléger cette souffrance. Néanmoins, elle a compris la sensation que j’ai ressentie ce jour-là et les suivants...  c’est semblable à la perte d’une sœur...

Je veille sur vous ma Sarah, j’attends ce roman qui nous caractérise tant. Ayez confiance en vous et laissez la vie faire les choses, saisissez toutes les opportunités comme vous le faites si bien depuis bientôt un an!

J’ai retrouvé l’énergie de refaire mes madeleines que j’aime tant. Tout le monde les apprécie ici !

Le temps est souvent couvert mais lorsque je descends vous voir, un grand soleil m’éblouit. Rien n’est le fruit du hasard.

Je suis contente de l’avancée avec Constant, continuez sur cette voie. Suzanne doit être tellement apaisée avec vous, elle doit être reconnaissante de ces fameuses boîtes de thon et tous ces kilos de litière que vous m’avez déposés devant ma porte.

Je vous souhaite une merveilleuse fin de journée.

Tendresse,

Ina